Remparts de Metz
Le « rempart gallo-romain » du IIIe siècle
Divodurum Mediomatricorum, ville gallo-romaine fidèle à l'Empire, prospère au IIIe siècle ap. J.C. au confluent de la Moselle et de la Seille. Son expansion se fait autour du cardo maximus (Rue des Trinitaires - Rue Taison - Rue de Ladoucette - Avenue Serpenoise) et du decumanus maximus (Pont des Roches - En Fournirue - Rue des Allemands) avec à son croisement le forum, sur l'emplacement actuel de la place Saint-Jacques [1]. Ville des plus importantes de la Gaule Belgique, elle est mise à sac par les barbares au IIIe siècle et se dote d'une première enceinte en pierre pour résister aux invasions, construite autour du centre-ville (de la Moselle à la place Saint-Louis), délaissant ses faubourgs du Sablon, du Pontiffroy ou d'Outre-Seille. La muraille de 3 km, une des premières dans la Gaule romaine [2], est construite avec les pierres des nécropoles alentours, dont celle du Sablon.
On entrait dans la ville par la Via Scarponensis en franchissant la première Porte Serpenoise (située non loin de l'actuelle) ressortant au nord vers la rue Marchant actuelle, ou par le decumanus en franchissant la Seille par la Porte Sailly (sur la place des Paraiges actuelle), ressortant à l'ouest aux alentours de la rue d'Estrées, rue du Vivier et rue du Juge Pierre Michel. La ville se renferme ainsi dans son « Castrum », une ville de 70 hectares intramuros [3] dont la muraille épaisse de 3 à 5m est percée de 7 portes.
Renforcement des remparts
En 959, le duché de Lotharingie est divisé en deux, au nord et au sud, la Basse-Lotharingie, et la Haute-Lotharingie qui deviendra la Lorraine en 1047. Au IXe siècle et au Xe siècle, Metz renforce sa muraille. La cité s'étend sur les faubourgs, notamment au Neufbourg, Outre Moselle et Outre Seille. Il faut alors étendre la protection. La ville construit alors de nouveaux remparts pour défendre la cité, qui englobe désormais l'île du Saulcier, toute l'île Chambière et l'Outre-Seille. On entre dans la ville par une multitude de portes et ponts (Porte Serpenoise et Porte Saint-Thiebault au sud, Porte Maizelle et porte des Allemands sur la Seille, pont Thiefroy et pont des Morts sur la Moselle).
Dès 1196 et jusqu'en 1235, les remparts sont renforcés avec 6 km de murailles et 38 tours [4]. Elle protège Metz sur 160 hectares.
Au XIVe siècle, plusieurs fausses braies sont construites devant les remparts. Au sud entre la Porte d'enfer et la Porte Saint Thiébault, mais aussi à l'est entre la Porte des Allemands et la porte Sainte Barbe.
En 1324, on entre par 18 portes désormais : la porte Serpenoise, la porte Saint-Thiébaut, la poterne ou porte en Chandellerue, la porte des Repenties, la poterne Saint-Nicolas, la porte Mazelle, la porte des Allemands, la porte Sainte-Barbe, la porte du pont Dame-Colette, la porte du Haut-Champé, la porte de France, la Porte du Pont Rémond, la Porte de la Saux-en-Rhimport, la Porte de Chambière, la Porte de l'Hôtel-Lambert, la porte d'Outre-seille, la porte du Pontiffroy, la porte du pont des Morts, la porte d'Anglemur et la porte de Patar [5]. L'enceinte est renforcée une première fois avec le mur de la Grève en 1381 (protégeant la zone située à la confluence des deux bras de la Seille, de la tour des Chandeliers à la tour des Potiers d'Etain) et enfin en 1445 autour de la Porte des Allemands. Au XVe siècle aussi, une tour carrée est construite en avant de la porte Sainte Barbe après un pont.
Une dernière large modification est effectuée autour de cette même porte des Allemands entre 1526 et 1531 avec une fausse braie et la caponnière Dex.
Double couronne et Citadelle
Après le siège de 1552, Metz redevient française. De lourds dommages sont constatés sur le mur d'enceinte qui devient inutilisé et obsolète. Au XVIe siècle, la Citadelle de Metz est construite le long du rempart sud et intégrée aux remparts. Une partie de l'enceinte médiévale est récupérée pour en faire un ouvrage bastionné sur la Moselle. En 1791 [6], une lunette d'Arçon s'étend jusqu'à l'emplacement de l'ancien Hôpital Bon Secours. Le duc de Guise construit aussi le retranchement de Guise, un grand terrain militaire sur les Grands Meis protégé par une courtine et 2 bastions dès 1570 sur le front du Rimport à la basse Seille.
De 1734 à 1740, la double couronne est construite sur les hauteurs de Bellecroix par Louis de Cormontaigne, améliorée jusqu'en 1880. L'ensemble comprend le Fort de Bellecroix, 4 bastions,3 courtines, 3 demi lunes et 1 lunette. A l'opposé, le front de Moselle est protégé par le Fort Moselle avec une autre double couronne. En 1736 [7] ou 1737 Cormontaigne y ajoute la redoute de la Seille (ou redoute du Pâté) au nord du Sablon sur les ruines de l'amphithéâtre [8] (environ à l'angle de l'avenue André Malraux et de la rue aux Arènes), et une nouvelle ligne de remparts est construite en 1739 au sud de la ville avec un ouvrage à corne au sud de la citadelle. Un autre est ajouté à Chambière.
Les murs du front de Seille sont eux restaurés en 1835. La Citadelle, avec ses 4 bastions est détruite au début du XIXe siècle. Le Fort Gisors (rasé en 1910) est construit de 1822 a 1831 avec la lunette de la Cheneau.
Démolition des remparts
A l'annexion en 1871, la ville est de nouveau fortifiée, avec la reconstruction de certaines portes et remparts, mais de nouveaux quartiers sortent de terre autour de la la nouvelle ceinture formée par le ring allemand qui prend place sur les anciens remparts sud et Outre-Seille. La ville est désormais protégée par 2 ceintures fortifiées. Dès le début du XXe siècle, entre 1901 et 1906, les Allemands s'attèlent à démonter la plupart des remparts pour construire la Neustadt notamment. Un bras de la Seille est remblayé en 1904, et les murs du Pont des Basses Grilles sont en partie détruits en 1930.
Il ne reste alors plus que 1,2 km de remparts médiévaux, le front de Seille, du pont des Grilles à la porte des Allemands avec ses nombreuses tours, et quelques vestiges de la muraille comme la porte des Allemands, la Porte Serpenoise et la tour Camoufle.
Sources externes
- https://www.youtube.com/watch?v=3HPdA3DskFY
- https://excerpts.numilog.com/books/9782307564232.pdf
- https://www.google.com/maps/d/u/1/viewer?mid=12nxeWE4iHRVnsiiWFrm-pa2KPPo&hl=en_US&ll=49.12036447187724%2C6.1778756969576865&z=15
Références
- ↑ (fr) GOLVIN Jean-Claude, « Gaule – Divodorum (Metz) – Vue » sur jeanclaudegolvin.com (consulté le 24 janvier 2023)
- ↑ (fr) BASTIEN René, BECKER Albin, Metz mémoire, Saint-Étienne : Edi Loire, 1996 (ISBN 2-84084-041-3)
- ↑ (fr) MARTIN Jean, Metz histoire & architecture, Metz : Editions Serpenoise, 1995 (ISBN 2876922231)
- ↑ (fr) BOUR René, Histoire de Metz, Metz : Éditions Serpenoise, 1978 (ISBN 978-2876923645)
- ↑ (fr) BLE, « Comment les Allemands transformèrent Metz au début du XXème siècle » sur BLE Archives (consulté le 15 juillet 2023)
- ↑ (fr) HISTORIA METENSIS, « De la nécropole antique à l’abbaye Saint-Arnoul de Metz » sur historiametensis.eklablog.com (consulté le 30 janvier 2025)
- ↑ (fr) GRANDVEAUX Michèle, « La redoute » sur Autour des Arènes de Metz Sablon (consulté le 30 janvier 2025)
- ↑ (fr) LALLEMANT Laëtitia, « Savez-vous que l’amphithéâtre de Metz était l’un des plus grands construits par les Romains ? » sur Républicain Lorrain (consulté le 24 janvier 2023)